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"Panama Papers" : L’argent du pétrole Algérien passe par l’offshore... mais aussi par la France !

À quelque jours de la visite de Manuel Valls et d'Emmanuelle Macron à Alger, impossible de passer à côté. Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a eu accès à près de 11,5 millions de documents émanant d’une firme panaméenne de domiciliation de sociétés offshore, Mossack Fonseca. Ces documents remontent à 1977 et vont jusqu’en 2015.

Dans la liste des personnalités citées, un nom fait scandale en Algérie celui de Abdeslam Bouchouareb, à travers la société Royal Arrival Corp, créée en avril 2015, soit une période ou le concerné était ministre de l’Industrie et des Mines, selon le quotidien français Le Monde ce lundi 4 avril 2016. La société a été créée à travers les services de la société de domiciliation d’entreprises offshore.

À travers cette société écran, Bouchouareb détient un compte en banque en Suisse avec un portefeuille d’un montant de 700 000 euros cantonné depuis ses prises de fonctions politiques et a été transféré de la BIL [Banque internationale à Luxembourg] vers NBAD Genève [National Bank of Abu Dhabi, dont la filiale suisse, basée à Genève, est spécialisée dans la gestion de fortune et le financement du négoce].

Bouchouareb / Bouteflika : Une « Grande » histoire commune

Ami d'enfance du président Bouteflika, dont il a dirigé la communication, son nom est régulièrement cité dans la presse pour un poste de premier ministre. Il reste le pivot incontournable de l'implantation des milieux d'affaires français en Algérie. Une problématique déterminante alors que la Chine a ravi à la France la place de premier partenaire commercial à quelques jours de la venu de la délégation française en Algérie.

Ancien dirigeant d'entreprise, Abdeslam Bouchouareb entre en politique en 1994. Ministre de l'Industrie en 1996, il est ministre de l'Emploi en 2000 et vice-président de l'Assemblée nationale en 2012.

Valls et Macron à Alger - Rencontre avec Bouchouareb

Affichant une détermination face à la fraude fiscale à Paris, accentuée par la récente allocution de François Hollande sur la « bataille » menée face a l’évasion fiscale - Manuel Valls et Emmanuel Macron pourraient donc être amené à rencontrer, échanger et signer des contrats à Alger avec un client présumé des sociétés écrans panaméennes, mouillé dans de nombreuse affaire d’évasion, notamment en France.

Bouchouareb n’en ai pas a sa première affaire :

Le problème est que Abdessalem Bouchouareb, ministre de l’Industrie et des mines, est celui qui a pour mission de développer l’Industrie et de diversifier l’économie algérienne d’une catastrophique dépendance vis-à-vis de la rente pétrolière. Une mission noble et grandiose. Le hic, c’est qu’en plus d’être mêlé à cette affaire de « Panama Papers » Abdessalem Bouchouareb est lui-même un richissime rentier… parisien.

Résident en France depuis 1997 le ministre est le richissime propriétaire d’un appartement situé au 21 quai Montebello, dans le 5e arrondissement, l’une des adresses les plus charmantes de Paris. En 2006, Bouchouareb a cassé sa tirelire pour acheter deux lots (studios) au premier étage, d’une surface de 156 m2, dans un quartier très chic de Paris. La valeur de ce bien a été évaluée à 1 180 000 euros.

Cette somme est, il va sans dire, une véritable fortune en Algérie. “D’où vient cet argent ?”, s’interrogent les deux auteurs du livre Paris Alger : Une histoire passionnelle. Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet fournissent des précisions très détaillées en se basant sur l’acte de propriété. La valeur de ce luxueux bien immobilier parisien dépasse aujourd’hui les 3 millions d’euros.

Abdeslam Bouchouareb est attendu, jeudi 7 avril à 9h30, à l’Assemblée populaire nationale (APN). Le ministre de l’Industrie et des Mines sera auditionné par les membres de la Commission économique sur le projet de loi relatif à la normalisation – Affaire a suivre de très près.

La France : Le Paradis Fiscal pour « richissimes » algériens ?

Les révélations des médias dans le cadre des «Panama papers», s'agissant des personnalités algériennes qui ont été citées, n'appellent aucun commentaire des autorités françaises. Il appartient au seul gouvernement algérien de faire part de ses réactions. "Ces mises en cause ne concernent en rien les autorités françaises", indiquent les services de Manuel Valls au journal Le Figaro.

Nombreux sont les ministres algériens, représentants politiques et richissimes hommes d’affaires à évader leurs petro-dinars en hexagone.

N’en déplaise à la France qui les accueillent bien trop souvent à bras ouverts. La France serait-elle alors le nouveau Paradis fiscal des algériens, qui permettrait de blanchir leurs malversations acquises sur le territoire algérien au moment même ou une grande majorité des algériens se meurent dans des conditions inacceptables - où les droits civiques les plus élémentaires sont bafoués.

La France, pays des droits de l’homme, garant de la cause humaniste en Libye, Tunisie et autres ne pourrait être complice d’une telle hégémonie, non.

Mais nous avons tous en tête les propos de Francois Hollande au lendemain de sa visite officielle à Alger qualifiant Bouteflika à travers «sa grande maîtrise intellectuelle, et son alacrité morale».

Saaddani, Bouchouareb, Cherif Rahmani et bien d’autres sont mêlés à des affaires d’évasion fiscale en Algérie, sans compter la fuite des capitaux entre 2004 et 2014 estimée à 16 milliard de dollars (14 milliard d'euros) par une commission ad hoc, soit en moyenne 1,6 milliard de dollars chaque année qui s'évaporent dans des circuits offshore. Une affaire comme celle du Panama papers impliquant un ministre, ex-dircom du président, tombe très mal alors même qu'un autre scandale, celui de la Sonatrach, la compagnie nationale pétrolière, éclabousse d'autres proches du chef de l'Etat.

Une rencontre avec Bouteflika 1 et Bouteflika 2 : le frère... en l'absence de caméras

Un autre passage délicat marquera le voyage de Manuel Valls : la rencontre - en l'absence de caméras – d’Abdelaziz Bouteflika dont l'état de santé et la capacité à gouverner interrogent la presse et surtout une grande majorité des algériens depuis son accident vasculaire-cérébral en 2013. Le premier ministre français rencontrera également le frère du président algérien, Saïd Bouteflika, auquel on prête souvent le véritable pouvoir de décision. Il s'agira notamment d'aborder le cas de l'implantation des groupes terroristes en Libye, alors qu'Alger s'oppose fermement à toute nouvelle intervention militaire étrangère.

Hamid Hamza

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